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Même si elle parle français avec un débit de mitraillette et cet accent qui rappelle ses origines italiennes (bergamasques, précisément), la coiffeuse de studio Romina Manenti vit depuis treize ans à New York. « C’est un endroit formidable mais qui fait vieillir un peu trop vite. Avec tout ce que j’ai fait, j’ai parfois l’impression d’avoir 400 ans… Néanmoins, rien ne s’arrête jamais, on peut toujours travailler, ce qui est rassurant pour un indépendant. » Depuis qu’elle a démarré la coiffure, cette quadragénaire à la chevelure très blonde ne s’est pas beaucoup arrêtée…
Après des études de stylisme – pour faire plaisir à ses parents, pas franchement rassurés par le métier de coiffeuse dont elle rêve –, elle intègre le salon « le plus chic et vibrant » de Milan, situé à 50 kilomètres de Bergame. « Là, j’ai découvert la connexion entre la mode et la coiffure. Pendant la fashion week, des coiffeurs du salon allaient sur les défilés assister les hair stylists, qui devenaient de plus en plus importants. J’ai fait la connaissance de coiffeurs installés à Paris et à Londres, et j’ai fini par me demander ce que j’attendais pour plier bagage moi aussi. »
A 22 ans, Romina Manenti débarque à Paris, où elle vivra pendant treize ans. Elle collabore aux titres de mode internationaux les plus en vue : i-D, Vogue Italia, Vogue France, Harper’s Bazaar, Numéro… « J’ai travaillé avec des personnalités tellement talentueuses dans la coiffure, Yannick d’Is, par exemple. Cela m’a permis de repousser les limites de ma créativité. J’ai aussi compris que ce travail était un business, qu’il ne suffisait pas d’avoir de bonnes idées. »
A Paris, où elle réalise des coiffures pour les défilés haute couture de Dior, Valentino, Givenchy, Alexander McQueen ou Versace, elle apprend aussi l’exigence et la précision. Il lui en reste encore aujourd’hui un certain sens du raffinement, ainsi que cette façon de toujours rechercher l’équilibre d’une allure, en prenant en compte le maquillage, le vêtement et l’espace autour : « C’est l’œil qui reconnaît que c’est juste, l’œil qui a été façonné par des siècles d’histoire de l’art. »
L’œil aiguisé à l’art, on tient peut-être là l’une de ses facettes italiennes. Tout comme sa faculté à ne pas se « laisser embarquer par la machine et les journées de quarante-huit heures », comme beaucoup le font à New York. Romina Manenti aime prendre du recul pour savoir si ce qu’elle fait est aligné avec ce qu’elle est : « A la fin de la journée, ça ne sert à rien de faire des choses pour faire des choses. Je ne sais pas si c’est italien ou européen. C’est probablement un mélange de culture et de personnalité. Lorsqu’on est créatif, ne pas produire ne signifie pas que l’on ne fait rien. »
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